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Poème

La mort que j ’ ai vue me rend transparente. Comme moi, ils se rappelleront de la ville qui nous accueille, des forces qui nous contrôlent. Les signes qui font renaître la geste des origines, le triangle du soleil couchant, ses horizons sur nos corps transparents. Pâturages, aube naissante, comme à l ’ accoutumée, j ’ allais écrire à droite mon latin qui ne ressemble plus à rien. Serait-ce cela la poésie, ce laissez-passer autorisé par l ’ invisible qui transporte l ’ existence vers les âmes éveillées ? (in A Marrakech, derrière la Koutoubia, ed. alfAbarre - Paris )

Poème

J ’ ai passé la soirée à tenir un proverbe debout pour dire le parent assis près de l ’ olivier à attendre son heure, pour dire le temps perdu à se chercher dans des bruits de hasard, pour nouer la voix aux mots, l ’ extraire pour un temps de sa médiocrité. Mesurer la parole jusqu ’ au revers de la plume et raturer les lignes bavardes de legs sanglants. Quel inconnu fidèle me soufflera à l ’ oreille les couleurs de la phrase magique ? (in A Marrakech, derrière la Koutoubia, ed. alfAbarre - Paris)

Anthologie Voix de la Méditerranée

Chemin d’errance (Poème pour l’Anthologie du Festival de Lodève – Juillet 2012.) J’ai poussé la poésie à ses petits bouts de bonheur la nuit où j’ai porté la voix du poème sur mon dos. J’ai entendu dans ton sommeil tes hurlements quand le soleil s’est élevé sur les crêtes du corps disparu. Je sais le paysan qui soigne la terre et les couleurs vives qui m'ont nourrie. J'ai embrassé le soleil et j'ai surpris debout les blés faisant l'amour… Mes battements du cœur suspendus à ton horloge ont écouté ta voix. Parle-moi de cette colline lointaine qui ne dirait pas son nom ! Ma mémoire morte nourrit les feuillages et nous cendres, avons vu la danse du cygne… j'ai osé suspendre, entre deux lacs, sur le chemin de l’errance l’aveugle discours. Jamila Abitar

Médiathèque d'Arcueil

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Jamila Abitar reads from her most recent collection of poetry "À Marrakech derrière la Koutoubia". http://www.youtube.com/user/rogerwestmusic?feature=watch

LES MORTS NE SONT PAS MORTS - BIRAGO DIOP

Les morts ne sont pas morts Les morts ne sont pas morts Ecoute plus souvent Les choses que les êtres, La voix du feu s'entend Entends la voix de l'eau Ecoute dans le vent Le buisson en sanglot : C'est le souffle des ancêtres. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire Et dans l'ombre qui s'épaissit, Les morts ne sont pas sous la terre Ils sont dans l'arbre qui frémit, Ils sont dans le bois qui gémit, Ils sont dans l'eau qui coule, Ils sont dans l'eau qui dort, Ils sont dans la case, ils sont dans la foule Les morts ne sont pas morts. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis, Ils sont dans le sein de la femme, Ils sont dans l'enfant qui vagit, Et dans le tison qui s'enflamme, Les morts ne sont jamais sous terre, Ils sont dans le feu qui s'éteint, Ils sont dans le rocher qui geint, Ils sont dans les herbes qui pleurent, Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure, Les...

Poème de Jamila Abitar

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Il se situe à Dakar pari au-delà de Katmandou, en dessous de tout à fric. Il n’a aucune région à part sa religion, au café des fous de lettres. Il ne se serait pas compris si lui-même n’était pas foule, dans ce tout à refaire. Dans un théâtre tenu par des incompris, l’univers de contes renaît d’un parchemin de peines ramassé. L’astre de vœux lumière fait offrande au lac. Les fous tirent la langue à la science bloquée d’arts chimère morts. Aux frontières ils imaginent le rêve, l’âge qui craint l’ombre et les démons. Partout dans des textes, des prétextes dans le regard pour voir entre les mains. ©Jamila Abitar In L'aube sous les dunes

A Marrakech, derrière la Koutoubia

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Cinq heures. Sous un soleil de plomb, Marrakech m’appelle. La caravane approche, le cimetière se vide. La dérive se trouve au bord du rivage. Je rejoins le marché, le chemin des artistes. Mogador me montre du doigt : « Toi, qui viens chercher le rêve, bois ce thé et souviens-toi que d’autres t’ont précédé sur le chemin de l’errance ! ». ©Jamila Abitar Editions alfAbarre - février 2012, Collection Paroles nomades http://alfabarre.com

A Marrakech, derrière la Koutoubia

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L'appel au vocable Marche sur ce sable Attend l'heure Où les mots tombent Avec justesse Sur le palier L'inconnu sonne L'Atlas se réveille Insigne d'une mémoire La parade retrouvée Concordance de l'image Répond à l'appel Simple, comme cette lumière que l'on voit cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel, entre ces deux lumières du jour, devant la porte de la baraka. Celle que l'on peut voir lorsque "le soleil se couche sur le sable aux reflets d'or aux milles éclats", Celle que l'on retrouve lorsque le soleil se couche derrière la Koutoubia, devant les colombes en vol. Devinettes qui émerveillent l'enfant, qui continue de penser la langue maternelle l'intelligence qui le rend fou et le jeu amusant. Cela dure tout le temps jusqu'au singulier qui titille l'imagination convoitée par les ignorants qui se limitent aux récréations. Ecoute la médina ocre parler aux remparts dés...

Hommage aux Rifains

Un chant d’espoir vient au loin. Au passage des décombres une parole attendue lève l’ancre bourlingue dans les Ksour tandis que les pierres tiennent au chaud sous une magnifique poudreuse parcourt, expérimente les paroles qui sécrètent la voie par l’usage du silence peint l’amour et son secret. A quoi bon relater le brouhaha des citadins les intrigues communautaires dans un livre ouvert ce sont les royaumes qui laissent l’imagination de chacun retrouver sa part de vérité le plaisir éprouvé à dire ce qui ne se dit pas le silence perpétue l’instant le regard se perd d’entre les mondes chose visible la quiétude des morts sort des nuées telle une promesse jetée dans le bleu infini. ©Jamila Abitar

Montagne et désert: Toubkal mon étoile

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Ta dimension héberge le cœur la nuit lorsque les étoiles sont froides, une tente, un feu, du thé et une mémoire qui revit. Le Maghreb recouvre son souf, retrouve ses villages cubiques, la neige entassée, la rudité du quotidien des vies passées sous silence... et l’ocre qui embrasse nos corps en suspend, l’oiseau tente de s’y retrouvé, à 4167 m, Toubkal, mon étoile, tu seras mon repère. ô Toubkal ! ô sérénité ! que tu es loin de la fanfare ! la fanfare ? c’est peut-être ce que l’on refuse d’entendre qui soudain fait du bruit. Force vive qui ne sert à rien, l’enfant pleure, la solitude l’emporte. De quelle source jailli l’inconscient ? où peut-on emmener nos fruits quand on sait de quoi se nourrissent les vaches ? Ô miracles, des poissons d’argent sont en train de chanter la chanson du prisonnier qui libère l’homme de l’homme pour ne pas avoir à construire de mur. Bridée, blindée, la proie disparaîtra sous le bruit des casques. Haut-Atlas, tu es hors de la mêlée. A 2167 mètres l...

Le petit jardin

Poème pour rendre à la langue Sa robe informelle La grâce de nous appartenir Pour nous faire revenir Sur le corps des syllabes La voix qui éveille en nous Le verbe L’objectivité Et la lumière qui défile sans fin Visite Jenine, les larmes posées sur le seuil d’une maison vide. Prompts à l’exil, les survivants du visible Se réveillent au pied des phares hospitaliers. Attente-réconciliation et calme-absence. Les robinets de l’or noir sont taris. Espace occupé, terrain glissant, cohésion, honnêteté, impasse. Le dialogue s’amorce. Pris sur le vif du sujet : victimes, belligérants et conscience tranquille. Il n’est pourtant plus question de lire dans le blanc des yeux, le rouge de la clandestinité. Quand les poètes auront les montagnes pour chevet, la lumière sera celle de la liberté. Reprends les tiens visiteur, pour que leur vie ne termine pas noyée au fond des océans. La continuité ne tient pas au superficiel. Une seconde vie et une sagesse pour penser l’...

Une nuit au Riad Sahara Nour

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Le poète sans frontières sait ce que vos larmes ont pleuré la veille. Il ne décide pas ses mots, ils s'imposent à lui comme un commandement à écrire à saisir la flamme et l'orage du dehors au grand risque, oui, au grand risque de se faire clouer. Mais, on lui pardonnera pour la beauté de la langue pour son obstination à dire le monde. Le poète n'est pas là pour séduire mais pour dire la paralysie du rêve et l'audace de faire un enfant à la lueur du matin. Ce poète ou plutôt ces poètes aimeraient souffrir de leur unique douleur, mais ils n'ont pas le choix, ils sont multiples dans ce monde et antidotes du quotidien lassant. Nous les remercions pour leur présence à la Soirée Internationale de la Poésie, organisée par la poétesse et chanteuse Lucile Bernard, fondatrice du Centre de Création Artistique Riad Sahara Nour. Une grande dame dont la beauté rayonne chaque jour dans le Riad. www.riadsaharanour-marrakech.com Une autre grande dame, qui el...

Le voile

La démocratie : ces mots qui nous font tant parler. Un figurant ne se voilait pas la face, il figurait. L’ordre des choses voulait faire bonne figure. Atténuer ses imperfections et tendre vers un idéal : il s’agit de la démocratie. Un terme bien galvaudé, servi à toutes les sauces, gavé de surcharges sémantiques et autres omissions ou dérives pathologiques, voire politiciennes, médiatiques ou procédant du phénomène de mode, du marketing du verbe, du prêt à porter où, de haute couture, la démocratie, bien que malmenée, est, semble-t-il, et sous toutes réserves, celle qui vous permet de vivre en paix, de vous nourrir, de vous distraire, et de vous habiller comme vous le désirez. Or, au pays de Marianne, combien même celle-ci porte une toque sur la tête, il est, pour ainsi dire, défendu aux femmes chrétiennes, juives et musulmanes de porter quelque chose sur la tête sous peine d’être accusée de terrorisme. Pourtant, l’habit ne fait pas le moine. Est-ce cela la liberté, l’utopie, la d...

Médine

Médine, Voile de lumière, perdu de nuit comme un néant envolé sur une dune. Attendre la nuit imaginée et son ombre sur les murs. L'avenir par toutes absences est pollen des attentes des jours fraternels qui restituent l'image d'un son, d'un enfant à naître la nuit lorsque le monde dort. L'heure des morts nourrit le miel recherché de l'aurore. L'enfant naissant allume les cheminées éteintes depuis Mahomet(SBDL). Jamila Abitar

Le thé du Sahara, Trois sinon rien

Les proverbes rythment les cœurs autour d’un feu. Le patrimoine oral sensibilise l’artiste. Le premier bouillonne et voit passer la feuille verte. L’élégance des gestes et l’esthétique de la langue accompagnent la théière qui sera transvasée autant de fois qu’ils feront appel au mousseux. C’est le moment de déposer une pincée de sucre pour recevoir le thé et ses vertus de patience. Les artistes seront servis lorsque l’amertume aura disparu et qu’il ne restera plus que le parfum d’un fleuve sans remous. Jamila Abitar

Lumière de Murcie, Poésie

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Ecrire l’amour du défunt tombé au front pour engloutir la cause. Souvenirs emportés par le feu jamais éteint des guerriers partant en guerre. Réflexe de survie, quelle plaie saurais-tu guérir ? Monde ouvert et en perpétuel mouvance, sauvegarde des ethnies et esprit de richesse, sous le même chant, l’exil. La lumière de Murcie pour dire la chose engloutie l’ambiguïté des sables au royaume de la mort bien plus que le cri des loups qui finissent par disparaître l’image d’une terre neuve clôture le cercle d’une lueur rouge Est-ce le sang des victimes ou des charognards en costumes ? Le semblable devient semblant cloné, identifié étranger au fond d’un garage. Les règles de conduite sont bafouées par les diables blindés lorsqu’ils ne sont pas blindés, ils sont nus. Faut-il dévoiler le secret ? Arrêter le temps arrêter l’armée, le carnage et la désinformation la menace n’existe que pour justifier le surarmement et le nazisme de toutes parts. Jamila Abitar