Le bleu infini





Le " bleu infini " nous emmène vers ces terres inexploitées, oubliées ou perdues, terres de rêve ou d'exil où respirent encore le silence, les chants d'éternité. Ici, la lumière danse avec les anges, le soleil rouge compte ses morts et ses oiseaux. Ici, tout est ramené à l'essentiel et le ciel tout entier tombe dans les yeux des mères aux visages de dunes et sur les paumes bleues des cavaliers masqués. C'est comme un grand souffle qui souffle sur le désert, le silence des dunes, qui nous emplit et nous laisse silencieux et aimant, à l'écoute des vibrations du monde."

Lucile Bernard


Un soir d’éternité,
une intimité étrangère
surprend des conversations
qui se prolongent
jusqu’au silence.

La pensée élevée au rang de sable
défie l'espace.
Les maures de toujours
s'abreuvent d'un jour sans visage.

Témoins lumière
entre ici et l’ailleurs
entre le corps et le vocable
entre le corps et ses mots.

L’enfant se souvient
de sa mère
des yeux sans paroles
qui rappellent
entre choses et lumière
le bleu infini.

Ami,
Vous qui venez chercher
des paroles nocturnes
l’image des anciens disparus
sans que nous les ayons entendus
voici l’exil qui remplit le cœur de ludisme
et traverse la route des grands.

Misères, escroqueries
horizons de plénitude,
l’espoir se trouve dans ce ciel
qui continue de nous traverser
et que nous veillerons
pour en tirer au réveil
de la plus longue nuit
quelques félicités.

Une nuit s’est envolée,
dernier soupir
cendre sous des casques écervelés
le khôl de Wallada
n’a pas fait tache sur l’aurore
ni sur les commanditaires
aucun génie n’a surgi
pour montrer l’existence cachée
de la peine.

Quand arrive le jour des sâadiens,
dans les ruelles d’argile
un enfant sable
embrasse les saints
trésor, qu’il aurait aimé garder
pour ne jamais se réveiller.

Il chante aux derniers anges
son innocence
accrochée à ce sol vide
il poursuit la caravane venue
de l’autre côté de l’ailleurs,
réveillé par le soleil
l’exilé reconnaît son rêve.

Terre promise
à l’heure du partage
où vont les richesses
quand les tours se vident
et couvrent tout le paysage.

Dans un rêve insouciant
L’âme est pour quelques siècles détachée
Elle trouve splendeur à leurs jubilations
telle une maîtresse des nuits constellées,
elle s’exile à l’aube de l’éternité.

Pendant que le monde meurt
elle rejoint la blanche porte
A l’intérieur d’un sarcophage
en bronze éteint
une mine se désamorce
le monde tremble
des vivants enterrés
réclament l’eau
cet or de demain.

Il fuit et puis un jour il revient
transmettre les lettres pudiques.
c’était peut-être un ange
une étincelle qui défiait la lumière.

L’esthétique est dissidente
un train finit par disparaître
et rend son âme au secret.

Jamila Abitar


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