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« D’ordinaire, le quai est le début du voyage ou sa fin. Et maintenant qu’il est offert aux poètes, ou au poème, quels peuvent bien être son sens et sa signification ? Si le quai, plateforme de transport, renvoi au voyage dans l’espace, au déplacement de localité en localité, je serai plus encline à entendre le quai offert aux poètes comme support d’un voyage dans l’humain. Dès lors, cet humain devient le support et la substance, le sujet et l’objet, du voyage. Le voyage ne peut plus être unidimensionnel, une simple translation de lieu en lieu ; il devient un voyage dans le temps, amont et aval. Voyager dans le temps est infiniment plus riche que de voyager dans l’espace. Voyager dans le temps c’est par exemple de dans l’histoire. C’était hier, c’était avant-hier. Mais on peut remonter plus loin encore, comme dans le mythe. Là, ce n’est plus hier, ce n’est plus avant-hier ; c’est, comme dit la formule universelle du conte : «  Il était une fois…  ». Cela faisant, on s’ouvre

Chemin d'errance

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C ’ est toute cette infirmité du cœur à vouloir être bon qui me fait souffrir ; J ’ entrevois le silence à travers la vitre, la nature résignée m ’ émerveille. Elle semble embrasser l ’ azur. Je l ’ implore pour qu ’ elle me délivre de ses branches pour me donner au divin comme un souffle au cœur. Je clame ton nom à la nuit sans pouvoir apaiser ce manque de toi. Ô poème, vide-moi de ces émotions qui ne trouvent figure à la face du vent. © Jamila Abitar
Des flocons de neiges suspendus à un ciel de printemps. Des obus parsèment leur feu dans les jardins de la vie.   S’ écrit le poème, vent violent assis sur un nuage de consciences. Nous poètes sommes les témoins de l ’ image perdue. Nous tentons de la restituer dans toute sa véracité. Redéfinir l ’ amour Redéfinir le poème Construire leur sens. Un tas d ’ immensitude égaré dans le vide , dans un rien où l ’ on trouve le mot à dire. Aimer à n ’ en plus vivre noyé dans le poème. Tu te réveilleras chaque matin comme une nouvelle note. ©Jamila Abitar
Ma mémoire en chemin est aux pieds des racines. Immanquablement, je leur parlerai de cette musique qui nous pose sur une semblable symphonie. Récital de noms et de pleurs, combien de morts ai-je dû compter ? Loin de leur apparence humaine, combien de morts ai-je dû compter après moi, ivres de mots ? Le voyage des hommes m’éblouit. Je ne vendrai pas son secret, mon corps torturé en a vu d’autres. Je retrouve les raisons de cet écrit et je me perds dans l’acharnement verbal, d’une histoire sans fin. © Jamila Abitar
Poète, je n'ai pas oublié ton chant. Ta silhouette qui traverse l'éclair pour rompre les pages de l'oubli. J'ai passé la soirée à tenir un proverbe debout. Frôlant le ridicule pour approcher la syntaxe, les rimes qui redonnent le ton aux éléments du tableau. J’ai embrassé ta voix, d’innombrables luttes m’ont portée. Discours, synthèses de mélancolie, liqueur des vergers. J’ai passé la soirée à tenir un proverbe debout pour dire le parent assis près de l’olivier à attendre son heure, pour dire le temps perdu à se chercher dans des bruits de hasard, pour nouer la voix aux mots, l’extraire pour un temps de sa médiocrité. Mesurer la parole jusqu’au revers de la plume et raturer les lignes bavardes de legs sanglants. Quel inconnu fidèle me soufflera à l’oreille les couleurs de la phrase magique ? © Jamila Abitar
Beaucoup de paroles pour ne rien dire, bien du plaisir à vouloir nouer les langues qui défilent comme des blessures. Guerre transparente, il est si difficile de retenir sa bouche, canal de vie, étoile du berger. Je retrouve le verbe qui éveille la source de chaleur pendant que d’autres attendent l’extase de la lune en rond. Aux premières lueurs, j’attends mon tour, le voyage de l’autre côté du sol, là où les noms s’éternisent. ©Jamila Abitar   

A Marrakech, derrière la Koutoubia

J ’ avais oublié ma ville, la mémoire des sucreries, des dents cassées, des bouches sans issues. J ’ avais oublié mes frères noyés sans avoir appris à nager, près des barques trouées de mon parcours de jeu. J ’ avais oublié ma ville sans terre, Marrakech, c ’ est en toi que je revis. Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié. Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets. J ’ ai avalé ton sable et j ’ ai pleuré mes frères. Et trahie par mes frères, j ’ ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans ! Lucide comme cette lumière que l'on voit, cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel. Je voudrais retrouver ma ville rouge, sa verdure, ses champs d ’ empreintes de sang partagé. Je voudrais me cacher derrière la Koutoubia et sentir Jamaa El Fna veiller sur Mar